« Avant ce projet, je ne connaissais pas la musique baroque qui me donnait un peu l’impression d’être un « folklore ». Le travail de collectage, presque archéologique, les tentatives pour lui « redonner vie » ont été une découverte pour moi. J’ai compris aussi qu’actuellement, la musique baroque tout comme le tango sont des musiques vibrantes et non plus celles « de jeunes qui voudraient jouer aux vieux »
William Sabatier – Bandonéoniste
Le spectacle est conçu comme un dialogue permanent entre instruments anciens et instruments d’aujourd’hui, entre passé et présent, entre danse et musique. Une dramaturgie puissante nous entraîne dans une progression de la vie à la mort, intégrant pleinement les deux esthétiques musicales. Les partitions ont été spécialement transcrites, en particulier pour le bandonéon, instrument présent comme un fil conducteur sur l’ensemble du spectacle.
« Rapprocher deux mondes musicaux d’une telle ampleur, espacés par plus de 400 ans, est un énorme défi. Tout le monde n’est pas à disposé à affronter cette tâche, à s’y confronter. C’est pourtant une expérience pleinement enrichissante et, finalement, pleine d’optimisme. Entrebâiller cette porte laisse entrevoir de nouvelles inquiétudes, de nouvelles recherches, de nouveaux projets finalement. »
Quito Gato
La nuit
Anibal Troilo La Ultima Curda (Tango, 1956)
Claudio Monteverdi Dormo ancora (Il ritorno d’Ulisse in patria 1640)
Claudio Monteverdi Sinfonia (L’Orfeo 1607)
Claudio Monteverdi Dorme l’incauta Dorme (L’incoronazione di Poppea 1642)
Un présage
Astor Piazzolla Romance del Diablo (Serie del Diablo 1965)
Claudio Monteverdi Ohimé, ch’io cado (Il primo libro delle canzonette 1593)
Astor Piazzolla Vuelvo Al Sur (texte de Pino Solanas 1987)
L’amour
Astor Piazzolla Milonga del Angel (Serie del Angel 1965)
Claudio Monteverdi Sol per te bella Euridice (L’Orfeo 1607)
Claudio Monteverdi Pur ti miro (L’incoronazione di Poppea 1642)
L’abandon
Astor Piazzolla Balada para un loco (texte de Horacio Ferrer 1969)
Claudio Monteverdi Lamento della ninfa (VIII Libro dei Madrigali 1638)
Astor Piazzolla Chiquilín de Bachín (Horacio Ferrer 1968)
La guerre
Claudio Monteverdi Sinfonia da Guerra (Il ritorno d’Ulisse in patria 1640)
Astor Piazzolla Jacinto Chiclana (texte de Jorge Luis Borges 1965)
Astor Piazzolla Michelangelo 70 (1969)
La mort
Claudio Monteverdi Benedicta (Il Vespro della beata Vergine 1610)
Astor Piazzolla Muerte del Angel (Serie del Angel 1962)
Astor Piazzolla Balada para mi muerte (texte de Horacio Ferrer 1968)
Claudio Monteverdi S’apre la tomba (Il secondo libro delle canzonette 1637)
Durée d’environ 1h40
Mariana Flores, soprano
Diego Valentín Flores, ténor
Cappella Mediterranea
William Sabatier, bandonéon
Girolamo Bottiglieri, violon
Rodrigo Calveyra, cornet à bouquin
Ronald Martin Alonso, viole de gambe
Quito Gato, théorbe, guitare
Romain Lecuyer, contrebasse
Leonardo García Alarcón, direction, piano, clavecin
Spectacle créé lors du festival d’Ambronay 2009.
« Il arrive que de grands créateurs bravent la peur de déplaire, et créent un style nouveau pour que la musique puisse suivre son cours naturel. Ce rôle de Don Quichotte fut assumé notamment par deux compositeurs de sang italien : Claudio Monteverdi pour le baroque italien, et Astor Piazzolla pour le tango.
Le premier exerça son métier à Venise, cité qui doit tout à son port. Le deuxième, d’origine italienne, résidait à Buenos Aires, cité où les habitants s’appellent porteños (littéralement « habitants du port » ). Deux hommes visionnaires dont la mort a provoqué un vide énorme. Leurs styles sont tellement personnels qu’un Cavalli, élève de Monteverdi, paraît antérieur à son maître, et que certains compositeurs bandonéonistes argentins d’aujourd’hui ne proposent aucun renouveau du style de Piazzolla.
À l’origine, le Centre culturel de rencontre d’Ambronay m’avait proposé de confronter Vivaldi et Piazzolla. J’ai proposé d’explorer le rapport entre Monteverdi et Piazzolla puisque, en les abordant, le temps chronologique s’arrête pour laisser place à un même combat, à un même rêve : celui de créer en toute liberté, avec une très grande technique, au service uniquement d’émotions intenses et contraires. J’ai voulu donner à mon idée un nom : Angel y Demonio. Monteverdi n’est pas l’ange, Piazzolla n’est pas le démon, les deux savent passer de l’un à l’autre à tout moment. C’est la base même de leur langage. Tous deux avaient conscience de cette force qui ne s’arrête jamais : la vie, synonyme d’émotion, d’amour, de changement, de crise et de mort ».