Écrit pour la cour de l’Électeur de Bavière par un jeune homme de 25 ans, Wolfgang Amadeus Mozart, Idomenée est un opéra construit, pour ainsi dire, autour d’une effroyable tempête en mer, résultat de la lutte entre le dieu des flots Neptune, qui favorise le roi de Crète Idoménée à son retour de la guerre de Troie, et le Destin, qui l’oppose.
Ce destin implacable sera omniprésent dans la scénographie de Chiharu Shiota, sous la forme du fil – la marque de fabrique de la plasticienne japonaise – dans un processus protéiforme explorant la temporalité, le mouvement, la mémoire et le rêve, exigeant l’implication à la fois mentale et corporelle du spectateur.
Sidi Larbi Cherkaoui, metteur en scène et chorégraphe, impliquera les forces vives des danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève, rejoint par la compagnie Eastman, ainsi que des solistes pour actionner un décor monumental où les fils rouges formeront en mouvement continu palais, océan déchaîné, jardin ou monstre marin. Trois récits s’entrelaceront : un triangle amoureux entre le fils d’Idomeneo, Idamante, la princesse troyenne Ilia et la princesse d’Argos, Elettra ; le duel entre un père traumatisé par la guerre de Troie et son fils qui cherche l’apaisement et la réconciliation ; et enfin, l’affrontement susmentionné entre dieux et destinées humaines.
Avec Bernard Richter en rôle-titre, Lea Desandre dans le rôle de son fils Idamante, Federica Lombardi en Elettra et Giulia Semenzato en Ilia, le Grand Théâtre réunit un quatuor de solistes de haut vol qui sous la direction de Leonardo García Alarcón enchanteront sans aucun doute ce spectacle accompagné par Cappella Mediterranea renforcée cette fois par les musiciens de L’Orchestre de Chambre de Genève.