Cappella Mediteranea

Monteverdi, I 7 Peccati Capitali – Les 7 Péchés capitaux

« Cinq voix réunies autour d’un petit orgue rivalisent de tension, de souffle retenu dans des chromatismes descendants extraordinairement rugueux. Le geste du chef debout derrière son instrument ralentit le temps, étire les notes, tisse entre les voix des fils invisibles. »

24 heures – reportage à la création

Un hommage à Monteverdi

À la façon d’un maniériste en peinture, Monteverdi invente, de façon géniale et inédite, une nouvelle représentation des passions humaines grâce à une torsion, une déformation de la matière musicale. Ce procédé donne naissance à la seconda pratica, qu’il décrit dans la préface de son huitième livre de madrigaux. Toute son oeuvre, tout au long de sa vie, en est le laboratoire et, dans le résultat, l’expression, traversé de deux leitmotivs : la rationalisation des émotions par la musique et la réflexion sur la vanité humaine.

Cappella Mediterranea a enregistré les 7 et 8 avril 2016 au Brassus en Suisse ce florilège d’airs et de madrigaux alternant péchés et vertus, interprété par les chanteurs qui ont fait la renommée de l’ensemble : Francesca Aspromonte en Poppea, Mariana Flores dans Si Dolce é l’ tormento entre autres, le ténor Emiliano Gonzalez-Toro… L’occasion de retrouver les plus grands chefs- d’oeuvre de Monterverdi sous un éclairage nouveau : le Couronnement de Poppée, le Retour d’Ulysse, Orfeo, les Madrigaux et même un extrait des Selva Morale

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Distribution

Sortie le 26/08/2016 chez Alpha classics – 72 minutes

Monteverdi, Péchés Capitaux, Cappella Mediterranea

À propos

À l’occasion des 450 ans de sa naissance, Cappella Mediterranea souhaite lui rendre hommage avec un programme de compositions empruntant au thème universel des péchés et vertus qui traverse son univers lyrique, ses madrigaux et la Selva morale : Monteverdi donne avec L’incoronazione di Poppea – l’opéra peut-être le plus amoral de l’histoire de la musique –, une représentation du vice et des émotions qui y sont liées mais offre également son pendant vertueux, son remède moral, avec les madrigaux de la Selva morale. C’est dans cette perspective que ce projet a été imaginé. Je me suis inspiré de la façon dont les intrigues secondaires viennent souvent, dans un opéra, éclairer l’intrigue principale sans lien d’action ou de personnages : ici, chaque tableau profite de la lumière de celui qui le précède et conditionne le suivant, sans autre lien narratif. Plus qu’une allégorie, ce programme est une catharsis théâtrale et madrigalesque au sens grec de « purification ».

Cela nous ramène aux origines du théâtre. En 1607, avec son Orfeo, Monteverdi pose les bases de l’opéra moderne : la monodie accompagnée inventée par la Camerata Fiorentina et Caccini, le recitativo accompagnato, les madrigaux chromatiques et les choeurs commentant l’intrigue, les danses de cour ou de taverne, l’abandon et la mort représentés par le lamento… On a presque envie d’affirmer qu’après lui, plus rien ne sera inventé dans l’opéra italien. Monteverdi a eu une vision très forte – plus que la plupart des compositeurs – de sa place dans l’histoire du langage musical, associant de façon extrêmement précise et unique des intervalles musicaux à un texte et à des émotions humaines. Les recherches de référencement de ces intervalles que j’ai menées m’ont conduit à mieux explorer ses compositions et m’ont incité à écrire l’air de Mercure d’Il ritorno d’Ulisse in patria pour illustrer la tempérance, dont il ne nous reste aujourd’hui que les textes.

Monteverdi composait pour la cour, l’église, le théâtre et pour des cercles d’académiciens ; il fait même allusion, dans ses oeuvres, aux danses et chants populaires de son époque. Rien n’est exclu de l’univers du « Divino Claudio », du mouvement centrifuge de sa pensée. Tous les éléments sonores existant autour de lui sont transformés par son génie pour donner vie au plus parfait « jardin des délices » sonore que l’humanité ait connu. Les chanteurs et instrumentistes que j’ai rassemblés pour donner vie à ce projet sont familiers du madrigal, de l’opéra et de la pratique de la musique sacrée. Ils connaissent l’importance d’adapter leur jeu avec le lieu attendu pour l’oeuvre, d’où cette virtuosité et cette variété de la force gestuelle servant l’alternance des péchés et vertus.

Avec Cappella Mediterranea, nous avons tenté de nous approcher du mystère unique de l’art de Monteverdi, de la dialectique des émotions humaines devenues son grâce à lui et de lui rendre hommage avec la révolte de nos propres émotions, transformées grâce à lui encore aujourd’hui.

Leonardo García Alarcón

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