Cappella Mediteranea

Cavalli, Heroines of the venetian baroque

Héroïnes du baroque vénitien - Mariana Flores

Fidèle à l’intimité de l’instrumentation vénitienne, Leonardo García Alarcón se borne à servir la fraîcheur et la proximité d’une musique dénuée de lourdeurs stylistiques et des conventions dont regorgera le répertoire lyrique dès la mort du compositeur de Giasone. Cavalli parle à tous ; en Mozart du Seicento, il nous offre des pages d’une simplicité, d’une vérité intemporelle, irrésistible, universelle – simples sans être faciles. Quiconque les entendra les comprendra, car elles lui iront droit au cœur !

Petit théâtre de la vie selon Cavalli

L’ouverture du Théâtre de San Cassiano à Venise en 1637 est l’un des événements majeurs de l’histoire de l’opéra, qui devient alors un spectacle populaire ouvert à tous. Les protagonistes de ces nouveaux opéras représentent donc toutes le catégories sociales qui constituent ce public et doivent pouvoir se retrouver sur scène. Les Dieux ne sont plus les seuls à faire la loi, ils sont concurrencés par les Vices et les Vertus. Les héros sont roi, impératrice, dictateur, courtisane, mais aussi nourrice, valet, soldat, philosophe, et surtout amants et amantes. Tous, nous sont sympathiques ou antipathiques, tous sont glorifiés, tous sont ridiculisés. C’est à ce théâtre humain que nous convient ces opéras, un théâtre qui se joue entre le comique et le tragique. Francesco Cavalli, avec ses 27 opéras conservés, nous offre une version passionnante de ce théâtre de la vie. Un seul fil conducteur réunit les extraits puisés par Leonardo García Alarcón dans chacun d’entre eux : l’expression des passions humaines. Elles y sont toutes de la candeur à l’extase, de la joie à la colère, de la passion amoureuse (et son expression érotique et sensuelle) au désespoir. Cela va d’une scène de séduction où Vénus invite son amant à palper son corps à un ensemble où tous les protagonistes espèrent retrouver la quiétude de la vie après la mort de l’odieux séducteur Eliogabalo qui, un peu comme le sera un certain Don Giovanni, séduit autant qu’il ne provoque le dégoût. Un programme passionnant qui constitue un apport nouveau dans la connaissance des opéras de Cavalli et qui permet de dévoiler une partie du mystère qui entoure encore ses oeuvres.

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Distribution

Durée 1h50

Disque sorti en 2015 chez Ricercar.

Heroines of the Venetian Baroque, Miguel Rincón Théorbe, Scuola Grande di San Rocco, Cappella Mediterranea

À propos

S’il ne fut pas le premier compositeur d’opéra, Francesco Cavalli (1602-1676) fut en revanche l’auteur d’œuvres lyriques le plus important du XVIIe siècle. Avec une trentaine d’opus régulièrement créés au long de trois décennies, il fut responsable du plein épanouissement de l’opéra public, inauguré en 1639 à Venise. Contrairement à Florence et Mantoue, où l’opéra, célébrant les dynasties au pouvoir, était officiellement né au début du siècle, Venise était une oligarchie, gouvernée par un groupe de patriciens : aucune lignée ne devait y être célébrée  ; aucun événement scénique ne se limitait au soutien d’une cour. En effet, la ville pouvait se targuer d’une longue tradition de divertissements publics, originairement relatifs à la période du carnaval et destinés à la fois aux premiers touristes et aux Vénitiens eux-mêmes. Il s’agissait de productions théâtrales, souvent excentriques, de tous genres : parades, joutes, théâtre déclamé, etc. ; et, depuis 1637, opéra.

Cavalli avait été engagé à San Marco en qualité de chanteur depuis 1616, et gravit progressivement les échelons, devenant deuxième organiste en 1639, premier organiste en 1665, et finalement maestro di cappella en 1668 – poste que son maître Monteverdi occupa depuis 1613 jusqu’à sa mort en 1643. L’opéra devint rapidement l’attraction favorite de la saison de carnaval vénitienne et le nombre de théâtres et de productions augmenta dans les années 1640. Plusieurs compositeurs, librettistes, chanteurs et impresarios s’engagèrent personnellement dans les productions, mais pour les trente années à venir, Cavalli fut la figure de proue. Il composa vingt-huit opéras pour quelque cinq théâtres différents, en collaboration avec au moins six librettistes.

Le succès de Cavalli en tant que compositeur d’opéra dépendait en majeure partie de la manière dont sa musique accentuait le potentiel dramatique des textes que lui fournissaient ses librettistes. Son style, fortement influencé par son mentor Claudio Monteverdi, était extrêmement fluide, passant de la déclamation musicale à des développements plus lyriques en réponse aux inflections émotionnelles du texte. Bien que composés essentiellement de vers libres, qu’il « musiquait » en récitatif fluide, les livrets de Cavalli font parfois appel à des formes identifiables, destinées aux airs. Ceux-ci s’étendaient d’une forme syllabique relative à la poésie strophique, à des formes plus libres pour les lamentos. Souvent, toutefois, les passages lyriques n’étaient pas si formels, notamment lorsqu’ils répondaient à des pensées particulièrement passionnées et passagères, entourées par le récitatif habituel. En répondant à une demande de nouvelles œuvres de plus en plus vorace de la part du public, Cavalli et ses librettistes développèrent toute une série de conventions musicales et dramatiques, dont de nombreuses sont illustrées dans cet enregistrement  : l’air, le lamento, la scène de folie, le duo d’amour notamment. En effet, la quarantaine d’extraits de la sélection proposée ici ne représente pas seulement la quasi-totalité de ses opéras dont les partitions sont aujourd’hui disponibles, mais elle illustre absolument toute la gamme d’expressions cavalliennes.

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