Leonardo García Alarcón
On connaît très peu de la vie du compositeur Giovanni Giorgi et presque rien de sa formation professionnelle et artistique. Giorgi pourrait être un des héritiers de la pratique du contrepoint, notamment de la pratique polychorale qui était répandue à Venise à l’époque de Lotti, et qui avait été transmise à ce dernier par Giovanni Legrenzi dont il avait été l’élève. Il faut savoir aussi qu’après les expériences des Gabrieli la musique polychorale continua à être pratiquée à Saint Marc jusqu’au début du XIX siècle. Etonnamment on connaît très peu de choses sur Claudio Monteverdi, mais on lit des témoignages musicaux très précieux à son sujet dans les ouvrages imprimés et manuscrits de Giovanni Rovetta, Francesco Cavalli, Natale Monferrato, Giovanni Legrenzi et Antonio Lotti, et même des témoignages plus tardifs de Baldassarre Galuppi et Ferdinando Bertoni. En effet le style musical de Giorgi est plus affin au style vénitien de Lotti qu’au style romain: il s’agit d’une musique au penchant liturgique, très caractérisée par un sens général de paisible fluidité et de«euphonie», qui toutefois se sert aussi de procédés chromatiques qui ne sont jamais exagérés, de vagues dissonances et d’un usage prudent et sensible de la modulation. Contrairement à d’autres compositeurs qui lui sont contemporaines, Giorgi au moment de l’écoute, tout en étant un très bon contrapuntiste, ne révèle aucune exagération ou sévérité scolastique et ne s’abandonne pas à la tentation d’utiliser les délicates techniques du contrepoint comme exhibition volontairement savante ou compliquée.