« Par sa rigueur et sa hauteur de vue, le jeune chef argentin parvient sans peine à galvaniser les forces mises à sa disposition. Qu’il s’agisse des solistes (idéalement distribués), du Choeur de chambre de Namur (en constante ébullition !) ou des pupitres de Cappella Mediterranea (d’une ductilité inouïe), tous sont impliqués avec une ferveur admirable. […] un disque à découvrir de toute urgence ! »
Opéra magazine, novembre 2011, Cyril Mazin.
l Diluvio Universale, « dialogue à cinq voix et cinq instruments » fut joué à Messine en 1682, année au cours de laquelle le calabrais Michelangelo Falvetti fut nommé maître de chapelle de la cathédrale. Grâce à cette position privilégiée, il se trouva rapidement au cœur des évènements musicaux de la ville, se faisant apprécier en tant que compositeur et organisateur. On ignore les raisons qui l’ont poussé à s’installer à Messine, ville qu’il connaissait par ailleurs car il y avait fait ses études. Au moment de son arrivée, la ville souffrait encore de la punition infligée par la couronne d’Espagne contre laquelle elle avait osé se rebeller. Il est donc probable que le sujet du Diluvio Universale, qui traite la thématique de la désobéissance et de la punition divine ait été inspiré par de tels évènements.
Le texte poétique présente des traits de modernité qu’on retrouve dans le Discours sur les oratorios d’Arcangelo Spagna (1706) : peu de personnages, un texte concis, pas de narrateur. Dans le prologue, les protagonistes sont la Justice divine et les quatre éléments : l’Air, la Terre, le Feu et l’Eau. Dans le « dialogue » figurent Noé, sa femme Rad, Dieu, la Mort et la Nature humaine. On trouve également des chœurs – souvent à cinq parties – qui, comme dans les oratorios de Carissimi, revêtent une grande importance.
L’écriture instrumentale est relativement simple, souvent homorythmique, avec l’élaboration des thèmes présentés par les voix ou les instruments mêmes. La Sinfonia d’ouverture est une exception : elle fait suivre à la première section en accords un épisode en contrepoint imitatif. La Sinfonia di tempeste est elle aussi constituée de différentes parties qui entrent les unes après les autres en imitation, de l’aigu au grave, sur la même note, illustrant ainsi les eaux qui se soulèvent progressivement.
La compositeur consacre au chœur. une attention toute particulière : l’écriture est élégante et variée du point de vue de l’effectif comme de celui du style : homophonie, contrepoint, traitement à deux ou trois voix parallèles et tutti conséquent pour obtenir des effets de timbre particuliers. C’est le cas du chœur divisé A fuggire, a morire qui peint, tel une fresque sonore, la frayeur des hommes à la merci des ondes ; ou du chœur à cinq E chi mi dà aita où les mots Vi…ta et Mor…te sont prononcés dans des accords sans résolution.
Ni oratorio, ni drame sacré classique Il diluvio universale – partition oubliée depuis trois siècles – et d’une originalité sans pareille dans l’histoire de l’oratorio italien !