“Le grand triomphateur de la soirée est bien le chef argentin Leonardo García Alarcón (déjà dans la fosse de l’ODN l’an passé pour Il Giasone de Cavalli). Son travail dans King Arthur est tout simplement admirable, s’intégrant parfaitement à la pièce de Dryden et à la réalisation généreuse de Di Fonzo Bo, il a sa large part dans l’impeccable continuité musicale d’une soirée qui dure trois heures. Chaque tempo est évident, même celui, extrêmement distendu, du song final « Fairest isle» qui trouve toute sa légitimité ici. Pourtant assez peu fourni, l’orchestre sonne solidement, le continuo assuré par le chef lui-même est imaginatif, et si ce dernier dirige les ensembles dans nombre de moments chambristes, il laisse cependant chanteurs et instrumentistes cheminer ensemble. C’est un incroyable bonheur musical qu’il distille à la tête de sa formation, le magnifique ensemble Cappella Mediterranea.”
Emmanuel Andrieu pour Opéra Online
“Dans la fosse, Leonardo García Alarcón dirige avec une rigueur louable Cappella Mediterranea à l’effectif fourni (une trentaine de musiciens), au sein de laquelle les cordes pincées (deux clavecins, un luth, un théorbe) ont parfois tendance à tirer la couverture à elles. Quelques emprunts à d’autres partitions de Purcell, en particulier la musique de scène pour Dioclesian, enrichissent le propos avec bonheur.”
Emmanuel Dupuy pour Diapason
Célèbre pour son fameux « air du froid » le semi-opéra King Arthur raconte la naissance du Royaume-Uni et la victoire du roi Arthur sur les Saxons. A ces aventures, où le féerique côtoie le fantastique, se joint une intrigue amoureuse. Comment le valeureux héros va-t-il sauver sa promise ? Henry Purcell compose ici sa plus élégante des musiques de scène où s’alternent drame et humour.
Semi-opéra en 5 actes d’Henry Purcell
Livret de John Dryden.
Créé en mai ou juin 1691 au Théâtre de Dorset Garden de Londres.
Chanté en anglais avec surtitres anglais et français
Conférence de présentation par Claude Hermann en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet. Lundi 23 avril 2018 à 18h15 au Théâtre de l’Espérance.
Direction musicale Leonardo García Alarcón
Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo
Chœur du Grand Théâtre Direction Alan Woodbridge
Cappella Mediterranea
En quoi cette œuvre vous a-t-elle particulièrement séduit?
Sans doute par le fait qu’on y trouve réunis tous les goûts européens de la fin du XVIIIe siècle, et que ceux-ci se mélangent harmonieusement avec les particularités de l’Angleterre de l’époque et avec le génie d’un compositeur. Concrètement, on y perçoit l’influence de Cavalli, ou encore de Lully et de son «Armide», dont la passacaille inspire celle que Purcell imagine pour «King Arthur». Mais ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont le compositeur fait usage de la dissonance, qui n’a pas d’égale en Europe et constitue du coup une signature forte. Purcell compose de manière prévisible, mais ses harmonies ne le sont jamais.
Quel est le personnage qui vous touche le plus?
Celui d’Emmeline, qui est aveugle et qui confère en cela une profondeur dramaturgique à la pièce. Emmeline accorde de l’importance au silence et elle nous pousse à faire de même.
Et vous, comment approchez-vous un manuscrit?
Il faut tout d’abord que je sache tout du contexte historique dans lequel est née une pièce. Puis, j’ai un système personnel qui prend en compte des éléments très variés, qui ont trait au tempo, au rythme, à l’articulation, à la dynamique, à l’intonation, au style et à d’autres points encore. Tout cela permet de mesurer une émotion et d’en façonner les détails.