Parmi les nombreux ouvrages composés par Michelangelo Falvetti (1642 – 1692) – messes polyphoniques, psaumes concertants, motets pour solistes ou à plusieurs voix avec basse continue – seules nous sont parvenues intégralement les musiques de deux magnifiques Dialoghi, respectivement à cinq et six voix: Il Diluvio universale, datant de 1682 et Il Nabucco, exécuté, toujours à Messine, en 1683. Il s’agit de deux partitions magistrales dans lesquelles Falvetti se montre musicien accompli, profond connaisseur de la tradition musicale baroque romaine et vénitienne, mais enrichie d’une sensualité, d’une expressivité toutes méditerranéennes et typiquement insulaires : qualités que nous avons déjà pu apprécier en partie grâce à l’interprétation raffinée que Leonardo García Alarcón, à la tête de Cappella Mediterranea et du Chœur de chambre de Namur, a donné du Diluvio universale (Festival d’Ambronay 2010 et 2011), et qui se trouvent sublimées dans ce non moins extraordinaire Dialogo del Nabucco. Le Dialogo del Nabucco de Vincenzo Giattini est un oratorio qui s’inspire d’épisodes racontés dans les deuxième et troisième chapitres du Livre de Daniel, centrés sur les figures du souverain Nabuchodonosor II, du prophète Daniel et des trois jeunes gens Ananias, Azarias et Misaël qui, pour n’avoir pas voulu adorer une idole païenne, furent jetés dans une fournaise ardente dont ils ressortirent intacts.
Nicolo Maccavino
« À la tête de sa Cappella Mediterranea et du Chœur de Chambre de Namur, Alarcón dirige avec une ferveur incandescente une partition – le texte érudit de la notice en témoigne – passée au crible de son magistère analytique. De là découlent des partis pris parfois contestables, tel le recours aux instruments de la culture orientale (le duduk, le ney) ; du moins cette énième recréation baroque, d’un continuel enchantement pour les oreilles, ressemble-t-elle à aucune autre. À découvrir toutes affaires cessantes. »
Jérémie Bigorie en novembre 2013 pour Classica
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« Cette redécouverte a quelque chose d’à la fois miraculeux et parfaitement à propos. Miraculeux car ces deux œuvres sont les seules de son auteur à nous être parvenues, et à propos car le chef et son ensemble semblent y moissonner tout ce que les Garrido, Savall et Pluhar ont semé avant lui. Nos oreilles sont donc plus que jamais prêtes à apprécier pleinement cet enchantement harmonique permanent, ces vocalises qui évoluent du mélisme à la performance virtuose, ces instruments chatoyants et orientaux joués par des musiciens investis jusque dans leurs silence, ces rythmes dansants, arabisants, où toute la Méditerranée semble s’être donné rendez-vous en cette fin du XVIIe siècle sicilien, quand une société sous domination espagnole s’enorgueillissait d’un syncrétisme musical qui flattait l’exotique au lieu de fustiger l’étranger. »
Guillaume Saintagne – Forumopera, 30 juin 2016
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