Ulisse all’isola di Circe est le premier opéra joué dans les Pays-Bas du Sud. Il fut créé à Bruxelles le 24 février 1650 à l’occasion des festivités du mariage de Philippe IV d’Espagne avec Maria-Anna d’Autriche. Ulisse par Gioseffo Zamponi est écrit dans le style nouveau des opéras vénitiens avec la présence de personnages bien typés ; dans un langage qui, d’une part, allie le recitar cantado aux arie, et, d’autre part, alterne la théâtralité à des épisodes d’une grande émotion, cet opéra est une véritable découverte qui a enthousiasmé tous les artistes qui y ont participé à sa résurrection. Pour cette réalisation importante, les trois ensembles que dirige régulièrement Leonardo García Alarcón sont réunis.
L’Odyssée baroque
Zamponi hérite, dix ans à peine après le Couronnement de Poppée, de cette capacité à tout dire, tout exprimer et varier les tons, que la musique a acquis en si peu de temps. Tout est désormais transmissible par la voix, de la fureur de Vénus à la grâce de Circé, y compris l’humour d’une reine plaisantant avec ses suivantes : et désormais c’est la musique qui suscite cette variété d’expressions et demande à celui qu’on n’appelle pas encore un librettiste (ce n’est qu’un poète…) de concevoir ce qu’on n’appelle pas non plus un scenario, capable de juxtaposer tous les tons et tous les genres. Et comme Torelli est là pour imaginer tous les changements et les rendre possibles à coups de manivelles, de contrepoids et de cabestans, on peut dire que l’opéra « baroque » est né.
« Tout est là, pour notre bonheur : la partition, quinze gravures qui nous montrent les décors et les changements de scène – et aujourd’hui, l’enregistrement… Cette œuvre est particulièrement caractéristique de l’opéra tel qu’il se développe alors dans l’Europe entière, en ce milieu du XVIIe siècle. D’abord par son sujet, tiré, bien sûr, de l’Antiquité, mais qui fait plus encore : car Circé est une magicienne, comme Alcine, Armide, Calypso (toutes les femmes de l’Odyssée !), et c’est ce qu’on aime par-dessus tout en ce temps-là. Si Ulysse a mis dix ans pour revenir de Troie, ce n’est pas à cause des tempêtes, mais bien à cause des femmes ensorceleuses (pauvre Pénélope qui l’attend en tissant ses tapisseries…). Dix ans à peine après Il Ritorno d’Ulisse de Monteverdi, voici donc Ulysse à nouveau « charmé », au sens fort que ce mot avait alors, c’est-à-dire « envoûté ». Avec beaucoup d’habilité, le livret d’Ascanio Amalteo mêle tous les tons et tous les genres pour les livrer à la musique et lui confier, à elle, le soin de varier l’expression… »
Olivia Wahnon De Oliveira
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Cet enregistrement a été réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Direction générale de la Culture, Secteur de la Musique).