« Discrètement mise en espace, cette version de concert exalte l’essence dramatique d’une musique mise en valeur avec la science et l’instinct auxquels on reconnaît l’art du chef argentin et de son ensemble. »
Gilles Charlassier pour Olyrix
Tout cela ne serait rien sans l’évidence du génie monteverdien. L’art incomparable et la maîtrise avec laquelle il sait avec une habileté incroyable rendre sensible par des moyens musicaux les moindres inflexions et affects suscités par le texte; sa capacité à organiser dans la durée des séquences musicales et dramatiques d’une cohérence extrême malgré la diversité des formes utilisées; la synthèse époustouflante qu’il réalise avec un naturel confondant de différents éléments stylistiques piochés tant dans la nouvelle (monodique) que dans l’ancienne (polyphonique) musique produisent un tel sentiment de nouveauté absolue qu’il est presque possible, quatre siècles plus tard, de ressentir le même saisissement admiratif et enthousiaste qui s’empara des quelques privilégiés qui assistèrent le 24 février 1607 à ce miracle. Autour du berceau de l’opéra, les fées s’étaient penchées: le genre naissait avec un chef-d’œuvre.
Favola in musica en un prologue et cinq actes.
Musique de Claudio Monteverdi (1677 – 1643)
Livret d’Alessandro Striggio, créé en 1607 au Palazzo Ducale, à Mantoue.
Durée d’environ 2h10 avec entracte.
Valerio Contaldo, ténor – Orfeo
Mariana Flores, soprano – Musica, Euridice
Guiseppina Bridelli, mezzo-soprano (La Cité Bleue, 9 mars 2024) / Coline Dutilleul (Le Sentier, 14 septembre 2024) – La Messagiera
Anna Reinhold, mezzo-soprano – Proserpina, Speranza
Andreas Wolf, basse – Plutone
Salvo Vitale, basse – Caronte
Alessandro Giangrande, ténor – Pastore, Apollo
Matteo Bellotto, basse – Pastore
Fabien Hyon (La Cité Bleue, 9 mars 2024) / Nicholas Scott (Le Sentier, 14 septembre 2024), ténor – Pastore, Spirito, Eco
Leandro Marziotte, contre-ténor – Pastore
Estelle Lefort, soprano – Ninfa
Philippe Favette, basse – Spirito 2
Chœur de chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón Direction musicale
« Il est évident que la partition de l’Orfeo nous permet de déceler l’incroyable nouveauté de l’ouvrage, de comprendre à quel point, partant des esquisses de ses prédécesseurs, Monteverdi a donné le grand modèle de l’opéra pour les générations suivantes. En fait, on constate que ses préoccupations abordent des domaines multiples : évidemment l’expression théâtrale et la diversité de ses modes, les couleurs instrumentales et leur adéquation ) céder les ambiances, même certaines aspects de la mise en scène. […]
Mais la maitrise du style polyphonique de Monteverdi lui permet de donner des reliefs étonnants, entre autres en créant, avec ces seules cinq voix, de véritables effets de double chœur qui leur confèrent un caractère imposant et terrifiant. […]
Que dire ? Les gorges sont serrées. Alors, c’est la musique qui trouve la solution ; il n’y aura plus de paroles, seulement l’expression de la douleur dans cette ligne instrumentale soutenue par une basse aux mouvements chromatiques montants puis descendants. […] Les questions sont posées. La partition donnée des indications. Pas toutes. L’interprète n’a qu’à l’ouvrir et à la faire revivre, une fois de plus. »
Jérôme Lejeune
« Monteverdi a fait le choix de la richesse de couleurs, propre au baroque, en privilégiant un mouvement centrifuge, une explosion de lumière qui se dirige vers tous les points de l’univers. Son Orfeo est la démonstration magistrale de ce schéma. Pour un compositeur, avoir un livret de la richesse de celui de Striggio est aussi un grand cadeau. On parle très peu de l’importance qu’a pu avoir ce poème sur l’imagination de Claudio Monteverdi. La force du message de L’Orfeo nous met face au miroir de toutes les interrogations humaines. La vie, la mort, l’amour et la musique sont les quatre forces qui conduisent la vie de l’homme, et L’Orfeo est peut-être l’Opéra qui incarne le mieux ces sujets essentiels qui accompagnent l’homme dès la naissance de la philosophie. Seule la musique peut nous faire dialoguer avec l’au-delà, nous faire rêver et aller à la recherche des êtres aimés disparus. Monteverdi est bien le premier grand orchestrateur de l’histoire de la musique. Plus tard, cette richesse disparaîtra à Venise, avec l’opéra public, dans lequel on retrouvera des violons, quelques luths, un clavecin, c’est tout. Cette œuvre nous montre une sorte d’idéal : la volonté d’utiliser tous les instruments existants, d’y mettre toutes les couleurs au monde »
Leonardo García Alarcón
« À l’austérité visuelle des lieux correspond leur extraordinaire qualité acoustique (signée Eckhard Kahle), valant pour les moindres recoins de la salle; pour cet Orfeo, une simple mise en espace (très étudiée quand même) aboutit à la plus éloquente des versions, avec ses révélations et ses mystères. »
Martine Mergeay pour La Libre
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« Leonardo García Alarcón est le pilier de cette représentation. Par sa direction inspirée, il sait tirer le meilleurs de tous les artistes. Il connait sa partition sur le bout des doigts et livre une version dynamique, subtile tout en cherchant une grande palette de nuances et de caractères différents. Le public, venu en nombre puisque la salle est comble, acclame vivement et longuement les artistes. Une standing ovation leur est presque immédiatement réservée et c’est amplement mérité. »
Thimothée Grandjean pour Crescendo Magasine
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« Mérite ou résultat dans l’ambition d’un spectacle total, mais aussi stupeur musicale que le maestro argentin a su transmettre. Habillé en croupier il a réussi à transformer l’orchestre allemand en un prodige chromatique, poétique et magmatique. […] La beauté des récitatifs était aussi émouvante que l’opulence des cuivres. »
Rubén Amón pour El confidencial
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« Après plusieurs concerts et la gravure d’un disque, le chef Leonardo García Alarcón et ses troupes sont parfaitement rodés. La complicité avec la Cappella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur est fusionnelle : chaque partenaire connait sa partie et celles des autres sur le bout des doigts, et la cohésion est maximale. Il en découle pour le spectateur-auditeur une lisibilité parfaite, ce qui lui permet de découvrir ou redécouvrir moult merveilles, subtilités d’écriture ou raffinements de construction. Le tempo est énergique, et la dynamique parfaitement mesurée. Cela donne aux passages joyeux et aux danses une pulsation irrésistible, et aux moments dramatiques une dimension tragique étonnante. Par exemple : cette distorsion du temps, quand Orfeo apprend la terrible nouvelle, fait un effet redoutable. Mais ce qui domine dans toute la soirée, c’est la clarté, c’est la lumière, c’est le bonheur à jouer et à chanter un tel chef d’œuvre. »
Matthieu Roc pour Resmusica
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« Dans le rôle-titre, Valerio Contaldo affirme une densité vocale, dont la couleur s’assombrit opportunément au gré de la détresse funèbre. Parfois rocailleux, le grain enrichit la consistance d’une émission attentive à l’impact de la déclamation chantée. La séduction sonore se met au service d’une expressivité nuancée […] Si l’Orfeo est le premier opéra majeur de l’Histoire, toute sa veine théâtrale coule dans la musique. La présente lecture en livre la quintessence ».
Gilles Charlassier pour Olyrix
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