« Dans la fosse, l’ensemble Cappella Mediterranea régale l’oreille de la sensualité de ses sonorités et de l’énergie de ses rythmes. On ne remerciera jamais assez son chef Leonardo García Alarcón d’avoir été l’artisan d’une aussi fascinante découverte. Le public luxembourgeois a réservé un triomphe à cette production qui, en dépit de ses deux heures et demie de musique, n’a laissé place à aucune longueur. »
Pierre Degott pour Resmusica
Un roi hanté par ses cauchemars, des princes aussi charmants que volages, une jeune femme déguisée en guerrier pour retrouver son infidèle fiancé, une esclave qui veut devenir reine sans renoncer à ses amants – et n’oublions pas la vieille nourrice rêvant d’amour ! La galerie de portraits sur laquelle s’ouvre Erismena promet un vertigineux chassé-croisé amoureux. Ouvrage d’un Cavalli devenu le plus éminent compositeur d’opéra de son temps, Erismena semble avoir remporté un immense succès dès sa création à Venise en 1655, si l’on en croit le nombre important de reprises qui en furent programmées pendant près de vingt ans jusque dans la lointaine Albion. Le maestro Leonardo García Alarcón, fervent cavallien, s’associe au metteur en scène Jean Bellorini, poète de la scène et chef de troupe, pour faire revivre cet ouvrage devenu rarissime. Riche en airs et situations tragi-comiques, Erismena offre un type d’opéra romanesque et humain, par contraste avec les ouvrages mythologiques des décennies précédentes. Plus aucun dieu ici, ni héros antique, mais des rois, princesses, militaires et esclaves emportés dans une intrigue délicieusement tortueuse, où travestissements et identités cachées se font les alliés du désir tout-puissant.
Drama per musica en un prologue et trois actes, représenté au Teatro San Apollinare, à Venise, le 26 (ou le 30) décembre 1655.
de Francesco Cavalli
Sur un livret de Aurelio Aureli
Nouvelle production de l’académie du festival d’Aix.
Resmusica, Charlotte Saulneron-Saadou
À Aix, le nouveau petit bijou d’Alarcón s’appelle ERISMENA
Entre une direction musicale fouillée d’un des plus grands spécialistes du répertoire baroque de notre époque en la personne de Leonardo García Alarcón, une distribution vocale fraîche tout autant que sublime composée en grande partie d’anciens artistes de l’Académie, et enfin l’intimité et l’acoustique idéales de ce petit Théâtre du Jeu de Paume, Erismena trouve un écrin exceptionnel à Aix-en-Provence pour révéler toutes ses merveilles typiques de l’opéra vénitien du XVIIe siècle.
(…) ce n’est pas ce qui retient l’oreille durant ces trois actes mais plutôt des ritournelles particulièrement séduisantes, une succession d’airs plus raffinés les uns que les autres, et surtout ces récitatifs continuellement traités en arioso, contribuant ainsi à ce que cet opéra sonne tel un véritable petit bijou du genre. La rythmique exubérante de cette direction donne un cachet tout particulier, plein de dynamisme, de variété, de sensibilité et d’humour.
Le catalogue de Cavalli ne compte pas moins de vingt-sept opéras. Face à l’excellence de ce spectacle, une seule question se pose : à quand le prochain, Monsieur Alarcón?
Erismena, une perle baroque qui charme l’oreille
C’est d’abord à Leonardo García Alarcón qu’on doit cette mise à l’honneur d’une œuvre injustement oubliée. Depuis 2013, le claveciniste et chef baroque se fait l’avocat passionné du compositeur vénitien, en qui il voit « le Mozart du XVIIe siècle.
A nos oreilles, Erismena sonne comme une vraie fête baroque, avec son petit orchestre (douze musiciens) aux grands effets, son continuo chatoyant et fourni, ses couleurs instrumentales vives et chaleureuses, sa rythmique irrésistible. Le plateau vocal est dominé par la merveilleuse soprano Francesca Aspromonte, découverte l’an dernier dans l’Orfeo de Rossi, et revue récemment au Festival de Saint-Denis dans l’Orfeo de Monteverdi. Bouleversante Erismena au timbre de velours remarquablement nourri et projeté, elle est bien accompagnée, notamment par les deux contre-ténors aux personnalités vocales riches et complémentaires que sont l’Orimeno de Jakub Józef Orliński – Countertenor et l’Idraspe de Carlo Vistoli • countertenor. Susanna Hurrellest une piquante Aldimira, Lea Desandre une gracieuse et désarmante Flerida, et le ténor Stuart Jackson use plaisamment de sa taille respectable pour renforcer la dimension comique de la nourrice Alcesta…
En coproduction avec les théâtres de la ville de Luxembourg et la fondation Calouste Gulbenkian.