À Propos
Après la création des Indes galantes à l'Opéra de Paris en septembre 2019, nous aborderons la même œuvre dans une autre mise en scène à l'Opéra de Genève en décembre 2019.
LES INDES GALANTES
Opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau
Livret de Louis Fuzelier
Créé à Paris en 1735
Pour la première fois au Grand Théâtre de Genève
Direction musicale Leonardo García Alarcón
Mise en scène Lydia Steier
Chorégraphie Demis Volpi
Scénographie Heike Scheele
Costumes Katharina Schlipf
Lumières Olaf Freese
Dramaturgie Krystian Lada
Direction des choeurs Alan Woodbridge
Hébé / Émilie / Zima Kristina Mkhitaryan
Amour / Zaïre Roberta Mameli
Phani Claire de Sévigné
Fatime Amina Edris
Bellone / Osman / Adario Renato Dolcini
Ali Gianluca Bura o
Don Carlos / Damon Anicio Zorzi Giustiniani
Huascar / Don Alvaro François Lis
Valère / Tacmas Cyril Auvity
Cappella Mediterranea
Choeur du Grand Théâtre de Genève
En 1725, des colons français dans l’actuel État de l’Illinois envoyèrent le chef de la nation amérindienne des Mitchigamea, Agapit Chicagou, avec cinq autres chefs en visite à Paris, où ils furent présentés à Louis XV et firent allégeance à la couronne. On les vit plus tard danser trois danses de leur peuple au Théâtre-Italien ; Jean-Philippe Rameau s’en inspira pour l’une de ses pièces de clavecin, le rondeau Les Sauvages. Ce fut l’embryon d’une idée musicale qui n’allait voir le jour que onze ans plus tard : avec Les Indes galantes (1735) Rameau écrivit ce chef-d’oeuvre du genre de « l’opéra-ballet » dont la nature légère entremêle généreusement les parties chantées d’intermèdes dansés. À l’époque, tous les rivages éloignés sont des « Indes », occidentales, orientales, asiatiques, américaines, et « galant » a bien plus le sens d’« érotique », que de « prévenant ». Louis Fuzelier, le librettiste des Indes galantes, s’inspire de l’engouement de l’époque pour les relations de voyage : Jésuites, aventuriers, premières traductions des Mille et Une Nuits. Le thème de son intrigue se résume assez simplement : l’Amour règne en maître, même dans les climats les plus exotiques. Ce fi l rouge relie les quatre contes. Le prologue de l’opéra pose la prémisse de l’oeuvre : Hébé, déesse de la jeunesse, déplore la séduction de ses fi dèles par Bellone, déesse de la guerre, qui leur promet la gloire des armes. Hébé appelle l’Amour à la rescousse pour qu’il envoie ses petits Cupidons ailés recruter des guerrières et guerriers pour la cause galante. Quatre tableaux consécutifs décrivent, dans un endroit différent du monde, le confl it érotique entre les autochtones « conquis » respectifs et leurs « conquérants ». C’est de là que part la réfl exion de Lydia Steier dans cette nouvelle production pour Genève. L’Américaine, très active sur les grandes scènes de l’espace germanophone, y compris le festival de Salzbourg, lèvera le rideau sur le confl it naissant entre les fi dèles d’Hébé et les troupes de Bellone. Pour les deux camps, la motivation réside en un danger mal défi ni qui menace leur environnement. Les uns chercheront une solution dans des jeux dionysiaques, presque apocalyptiques ; les autres à se rendre maîtres de la situation par l’imposition d’un ordre strict. Les bombes se mettront à tomber, chaque partie paiera son tribut. À la fin, il ne restera qu’à construire ensemble une nouvelle société des nations. Lydia Steier : « C’est une préoccupation importante pour nous, particulièrement à Genève, qui joue un rôle prépondérant en faveur des droits humains dans le monde, de ne pas pointer un doigt accusateur sur autrui, mais nous le mettons volontiers là où ça fait mal. » Le Grand Théâtre se fait une joie d’accueillir pour la première fois en son sein le chef-d’oeuvre de Rameau sous la direction du chef presque genevois Leonardo García Alarcón avec la Cappella Mediterranea déjà entendus dans de la musique française la saison précédente avec Médée de Marc-Antoine Charpentier, dont Rameau est certainement le plus célèbre et génial successeur. C’est aussi avec cet opéra-ballet que le Grand Théâtre inaugure une nouvelle ère de collaboration entre sa scène lyrique et sa compagnie de ballet. Il fallait pour cela une oeuvre où la danse et la voix sont à parité quasi complète¨, et c’est défi nitivement le cas des Indes galantes. Au jeune chorégraphe d’origine argentine Demis Volpi est confiée pour cette production la direction chorégraphique du Ballet du Grand Théâtre. Parmi les illustres protagonistes, on retrouve avec plaisir la voix impressionnante de la soprano Kristina Mkhitaryan, après son grand succès dans Il Giasone sur la scène de l’Opéra des Nations.