À Propos
Semi-opéra en 5 actes d'Henry Purcell
Livret de John Dryden. Créé en mai ou juin 1691 au Théâtre de Dorset Garden de Londres.
Nouvelle production
Chanté en anglais avec surtitres anglais et français
Célèbre pour son fameux « air du froid » le semi-opéra King Arthur raconte la naissance du Royaume-Uni et la victoire du roi Arthur sur les Saxons. A ces aventures, où le féerique côtoie le fantastique, se joint une intrigue amoureuse. Comment le valeureux héros va-t-il sauver sa promise ? Henry Purcell compose ici sa plus élégante des musiques de scène où s’alternent drame et humour.
Direction musicale Leonardo García Alarcón
Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo
Chœur du Grand Théâtre Direction Alan Woodbridge
Cappella Mediterranea
Conférence de présentation par Claude Hermann en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l'Opéra et du Ballet
Lundi 23 avril 2018 à 18h15 au Théâtre de l'Espérance
Samedi 19 mai 2018 à 20h
Dans la Tribune de genève
En quoi cette œuvre vous a-t-elle particulièrement séduit?
Sans doute par le fait qu’on y trouve réunis tous les goûts européens de la fin du XVIIIe siècle, et que ceux-ci se mélangent harmonieusement avec les particularités de l’Angleterre de l’époque et avec le génie d’un compositeur. Concrètement, on y perçoit l’influence de Cavalli, ou encore de Lully et de son «Armide», dont la passacaille inspire celle que Purcell imagine pour «King Arthur». Mais ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont le compositeur fait usage de la dissonance, qui n’a pas d’égale en Europe et constitue du coup une signature forte. Purcell compose de manière prévisible, mais ses harmonies ne le sont jamais.
On est là dans l’alternance du chanté et du récité typique du semi-opéra. Avez-vous l’impression que ce genre s’inscrit harmonieusement dans une saison traditionnelle de maison lyrique?
Oui, parce que ce genre de pièces laisse une grande place au geste créatif. Dans le répertoire baroque, tout comme dans le contemporain, on est souvent confronté à des indications très succinctes. Dans le manuscrit du «Giasone» de Cavalli, par exemple, on ne trouve qu’une ligne de chant et une autre pour la basse. On doit donc décider de presque tout, y compris du placement des scènes. Pour ce qui est du «King Arthur», on n’a jamais retrouvé les traces des musiques qui accompagnaient les parties récitées. On ne sait pas non plus comment elles s’articulaient à l’intérieur de la pièce. Dès lors, nous faisons de la recréation, nous procédons un peu comme si le compositeur était encore à nos côtés et que nous décidions ensemble de la manière dont le «King Arthur» allait reprendre forme.
Comment avez-vous colmaté les failles musicales que vous évoquez?
Nous avons choisi des musiques de scène totalement inconnues aujourd’hui, issues de trois œuvres de Purcell en particulier: «Abdelazar», «Dioclesian» et «La Femme vertueuse». Ce fut, en ce qui me concerne, une expérience absolument nouvelle. Pour chaque passage parlé, il a fallu choisir les instruments les plus adaptés, puis réfléchir, avec le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo, à la façon de les jouer pour accompagner aux mieux les voix.
Quel est le personnage qui vous touche le plus?
Celui d’Emmeline, qui est aveugle et qui confère en cela une profondeur dramaturgique à la pièce. Emmeline accorde de l’importance au silence et elle nous pousse à faire de même.
Comment fonctionne l’atelier de travail de votre Cappella Mediterranea?
J’aime en général travailler avec les meilleurs musiciens que je connaisse. Le temps que j’ai passé avec eux a façonné des amitiés mais il n’a changé en rien les exigences de qualité que nous nous imposons. Je suis toujours attaché à la nécessité de retrouver ce que le compositeur a voulu dire; j’aime redécouvrir les traits de son langage. Les musiciens adhèrent à cette aspiration et ils partagent aussi l’idée qu’il faut considérer cette musique comme si elle avait été écrite hier. J’estime qu’il ne suffit pas d’aimer les manuscrits anciens pour donner vie à ce répertoire. Les manuscrits n’étaient pas anciens au moment où ils ont été rédigés, les instruments non plus d’ailleurs. Il ne faut pas l’oublier. Au fond, la musique n’est jamais ancienne.
Et vous, comment approchez-vous un manuscrit?
Il faut tout d’abord que je sache tout du contexte historique dans lequel est née une pièce. Puis, j’ai un système personnel qui prend en compte des éléments très variés, qui ont trait au tempo, au rythme, à l’articulation, à la dynamique, à l’intonation, au style et à d’autres points encore. Tout cela permet de mesurer une émotion et d’en façonner les détails.
Où situez-vous «King Arthur» dans le répertoire de Purcell?
Le compositeur sait qu’il ajoute un décor à une pièce dramatique écrite par le dramaturge John Dryden. Pourtant, sans sa musique, le texte n’aurait jamais passé à la postérité. Avec «King Arthur», Purcell parvient à donner une respiration au texte, à se mettre entièrement au service du théâtre. On retrouve là, dans ces qualités, l’essence même du compositeur à l’anglaise.