Cavalli, Elena

Cavalli, Elena

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À Propos

Enregistré lors des représentations durant le Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2013, Elena de Cavalli n’avait plus été joué depuis plus de 350 ans. La presse internationale avait salué cette redécouverte comme l’un des événements majeurs du domaine lyrique. Avec la mise en scène imaginative de Jean-Yves Ruf, servi par une distribution exceptionnelle faite de jeunes chanteurs réunis par l’Académie du Festival Aixois, cet ouvrage est aussi sublimé par le talent des instrumentistes de la Capella Mediterranea et le talent théâtral de Leonardo Garcia Alarcon. Elena raconte les premières aventures d’Hélène, la femme la plus belle du monde convoitée par de nombreux hommes, dont Ménélas, qui se déguise en Amazone pour l’approcher, et Thésée, qui l’enlève et tente de la séduire au grand dam de sa fiancée légitime, Hippolyte. De nombreux personnages truculents ou tragiques viennent compliquer à plaisir les situations de ce vaudeville mythologique. 

Reflet des représentations d'Aix-en-Provence qui enchantèrent le Théâtre du jeu de Paume l'été dernier, cette Elena inédite de Cavalli était attendue avec impatience . Nous avions apprécié, à la création, l'homogénéité de la lecture qui avait révélé au public une partition foisonnante, l'une des plus riches et séduisantes du maître vénitien.

Représenté en 1659, juste avant le départ de Francesco Cavalli pour Paris, Elena est le dernier chef-d'œuvre de la « prima pratica » du compositeur, avant qu'il ne succombe aux sirènes « bel cantistes » qui caractérisent ses dernières productions, et que l'on pressent dans cette œuvre riche en coloratures. Fort d'un livret magistral (de Faustini, complété par Minato), Cavalli égrène toute la gamme des affetti, avec un sens du théâtre que peu de partitions du Seicento ont su exploiter.

Si le comique y est plus présent encore que dans les grands chefs-d'œuvre désormais consacrés (Poppeaou Calisto), le mélange des genres reste la marque de ce répertoire, qui nous vaut ici les pathétiques et déchirants lamentos d'Ippolita, les sensuels duos d'Elena et Menelao, ou les facéties désenchantées d'Iro, interrogeant avec dérision notre fragile humanité.

Une distribution sans faille

Pour redonner vie à cette partition oubliée, Leonardo Garcia Alarcon a réuni une distribution sans faille : Emöke Barath rayonne de beauté et de grâce, Valer Barna-Sabadus a le physique et la voix de l'emploi, tout comme l'irrésistible Emiliano Gonzalez-Toro, comédien hors pair ; même les rôles secondaires sont somptueusement distribués (Mariana Flores, impériale), et si le chant de Rodrigo Ferreira semble parfois un peu (trop) tendu, tous rendent justice, par une diction et un engagement dramatique irréprochables, à ce théâtre des sens.

La lecture sobrement linéaire de Jean-Yves Ruf a le grand mérite de rendre immédiatement lisible une intrigue comme à l'accoutumée complexe. Le dispositif unique en bois, aux couleurs chaudes, évoque tout à la fois le théâtre du globe shakespearien, avec lequel l'opéra vénitien présente de troublantes accointances, et l'arène du combat que se livrent les deux protagonistes puis la quasi-totalité des personnages.

L'élégance des costumes et l'intelligence de la captation – dont les plans rapprochés sur les interprètes soulignent l'effet pathétique d'une déclamation toujours juste – participent aussi à la réussite exemplaire de cet enregistrement.

Leonardo García Alarcón direction musicale 
Jean-Yves Ruf mise en scène 
Laure Pichat décors 
Claudia Jenatsch costumes 
Christian Dubet création lumières


Emöke Baráth (Elena, Venere) 
Valer Barna-Sabadus (Menelao) 
Fernando Guimaraes (Teseo) 
Solenn' Lavanant Linke (Ippolita, Pallade) 
Rodrigo Ferreira (Peritoo) 
Emiliano Gonzalez Toro (Iro) 
Anna Reinhold (Menesto, La Pace) 
Scott Conner (Tindaro, Nettuno) 
Mariana Flores (Erginda, Giunone, Castore) 
Majdouline Zerari (Eurite, La Verita) 
Brendan Tuohy (Diomede, Creonte) 
Christopher Lowrey (Euripilo, La Discordia, Polluce)
Job Tomé (Antiloco) 

Réalisateur : Corentin Leconte

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